26 oct. 2010
Fils conducteurs d'Octobre (2) - l'interview AP
[5] Official Full Text of AP Interview with President Ma, GIO, October 19, 2010
[6] China in no rush to begin sensitive talks: official, Reuters, BEIJING
[6] China in no rush to begin sensitive talks: official, Reuters, BEIJING
Un entretien ([1]) avec le président Ma au palais présidentiel, pour une durée d'un peu plus d'une heure, par les journalistes de "Associated Press", le 19 Octobre 2010.
Cet entretien a créé une grande polémique, car l'interviewé a dénoncé l'article des journalistes. A mon avis,c'est d'abord le titre qui a créé la panique :
Taiwan's Ma moves ahead with China
Par la suite, le président a fait publié le texte complet de l'enregistrement de l'interview, voir [5].
Durant cet entretien, le président Ma décrit sa politique comme basée sur la constitution (ROC), et basée sur cette phrase-clé : "pas d'unification, pas d'indépendance, et pas d'usage de la force". Ma assure qu'il ne discutera pas des questions d'unification durant son mandat actuel.
Ma considère que le peuple taiwanais dans sa majorité n'est pas favorable à des discussions politiques avec la Chine, ni à l'unification. Il pense que le peuple craint que la liberté et la démocratie soient mises en danger en cas de rapprochement politique avec la Chine. Ma reconnait que la Chine veut bien sûr l'unification de Taiwan.
Quand Ma dit que le peuple taiwanais désire des échanges avec la Chine dans différents domaines, il donne en fait son opinion personnelle.
La tentative de faire rencontrer les deux peuples est plutôt louable dans le principe, mais elle est dictée dans son application par Ma et la Chine, pas par la majorité du peuple taiwanais qui demeure très circonspect, alors que les milieux d'affaire plébiscitent les mesures économiques prises, car elles vont dans leur sens.
Pour les missiles, Ma pense que l'initiative viendra spontanément des dirigeants chinois, et que les missiles seront retirés, car continuer leur déploiement n'est pas dans l'intérêt des relations inter-détroit. Ma affirme que le sujet des missiles n'est jamais évoqué durant les discussions actuelles inter-détroit.
Ma veut lancer des discussions politiques avec la Chine, c'est clairement insinué :
Ma considère que le peuple taiwanais dans sa majorité n'est pas favorable à des discussions politiques avec la Chine, ni à l'unification. Il pense que le peuple craint que la liberté et la démocratie soient mises en danger en cas de rapprochement politique avec la Chine. Ma reconnait que la Chine veut bien sûr l'unification de Taiwan.
"we’re not ready for any political discussions on the future of Taiwan or other unification issues"Ma pense que le peuple taiwanais veut faire des affaires avec la Chine (commerce, investissements), des échanges d'étudiants (éducation), des échanges culturels et autres (sans précision ?) avec la Chine. Ma veut que Taiwan et Chine fassent des échanges afin de mieux se comprendre.
Quand Ma dit que le peuple taiwanais désire des échanges avec la Chine dans différents domaines, il donne en fait son opinion personnelle.
La tentative de faire rencontrer les deux peuples est plutôt louable dans le principe, mais elle est dictée dans son application par Ma et la Chine, pas par la majorité du peuple taiwanais qui demeure très circonspect, alors que les milieux d'affaire plébiscitent les mesures économiques prises, car elles vont dans leur sens.
Pour les missiles, Ma pense que l'initiative viendra spontanément des dirigeants chinois, et que les missiles seront retirés, car continuer leur déploiement n'est pas dans l'intérêt des relations inter-détroit. Ma affirme que le sujet des missiles n'est jamais évoqué durant les discussions actuelles inter-détroit.
Ma veut lancer des discussions politiques avec la Chine, c'est clairement insinué :
"AP : I wonder if this continuation of opposition to a political process with China and certainly for unification is a source of concern for you?President Ma: Yes."
et aussi :
Ma veut l'unification à la Chine, qu'il voit comme une "réunification" :"We are not intentionally delaying the talks of political issues"
"because the peoples of Taiwan and the mainland have been separated for 60 years, and [thus,] the difference in political, economic and social systems."
C'est une vision personnelle : pour Ma, tous les taiwanais sont des chinois à l'image des chinois nationalistes qui se sont réfugiés sur l'ile pour fuir les chinois communistes. Mais en fait, les taiwanais habitaient déjà l'ile avant cette colonisation du KMT.
De même, Ma parle de "cultural affinity", c'est comme s'il ne voyait dans la culture taiwanaise que la culture chinoise. Là encore, il y a tout un débat autour du sujet de la culture taiwanaise, et on ne peut la comparer si facilement avec la culture de la Chine d'aujourd'hui.
Au delà de la démocratie, Ma pourrait considérer l'identité taiwanaise comme une réalité.
Il ressort du discours de Ma que Ma espère qu'avec le temps, Taiwan basculera du côté de l'unification. C'est une démarche idéologique, pas une démarche pragmatique, ou dictée par une réelle nécessité.
Le principe actuel est aussi de dire : économie d'abord, politique après. Mais alors, lorsque toutes les questions importantes relatives à l'ECFA auront été résolues, que se passera t-il ? La discussion politique et militaire s'imposera, il sera difficile de la refuser sans mettre à mal tous les acquis précédents. Ma ne considère pas qu'une réforme politique en Chine soit une condition préalable aux discussions politiques. Et la Chine sait déjà ce qu'elle veut, elle n'acceptera rien d'autre que des avancées vers l'unification.
D'où les questions pressantes de AP à ce sujet :
- Pour quand la discussion politique et militaire ?
- En cas de réélection, est-ce que ça fera parti du second mandat ?
"AP: So, do I understand you correctly that, if economic issues are resolved during your second term, during that term, you might move on to political questions?
President Ma: As I said, it depends on how fast we move. […] we certainly will also make decisions on generally whether the decision receives popular support. "La seule variable dans cette discussion est le peuple taiwanais. Ma dit qu'un rapprochement des deux peuples peut avoir lieu à travers ces échanges dont il fait la promotion :
"the situation requires a long historical period for the two sides to resolve their differences"Je pense que c'est un vœu illusoire. La question est plutôt : Et que se passera t-il si le rapprochement des deux peuples ne se fait pas comme c'est dit ?
Si le rapprochement des peuples échoue, le rapprochement économique, industriel et financier aura quand même eu lieu. Et il s'agira en fait plutôt d'intégration, ou de fusion qui sera favorable à la Chine uniquement, pas à Taiwan.
Quant à la présence de chinois à Taiwan, il y a toujours la crainte de les voir s'installer sur l'ile, et de prendre du travail aux taiwanais. C'est par exemple le cas des étudiants chinois à Taiwan. Il y a aussi d'autres effets de bord assez négatifs : la prostitution chinoise s'exporte sur l'ile de manière incontrôlée. Il y a aussi des touristes chinois qui s'évaporent une fois sur place, ça pourrait paraître ponctuel, mais ça le devient moins lorsque le flux de touristes est important.
Donc, même en cas d'échec de rapprochement des peuples, il y a déjà le risque d'une immigration incontrôlée, semble t-il.
Et même alors, est-ce que le peuple taiwanais serait vraiment libre de décider ou non de l'unification à la Chine ?
Ma dit :
"the future of Taiwan should be determined by the joint action of the 23 million people in Taiwan"Que penser de la "joint action" : le référendum sera impossible sur ce sujet, alors est-ce un simple sondage ?
La polémique
Une fois l'article paru, le président Ma réagit en protestant, disant que ses propos avaient été mal retranscrits. Une lettre est envoyée à l'agence de presse, et le président fit une conférence de presse de "crise" à ce sujet.
Les deux passages de l'article qui furent incriminés sont les suivants :
Any political union, he said, would require Beijing to adopt democracy and respect for human rights, now under special scrutiny following the award of the Nobel Peace Prize to jailed China democracy campaigner Liu Xiaobo. Because of such concerns, Ma did not cite any timetable for the process, saying it would be a "long historical" transition.Entretemps, le DPP avait réagi ([2]) :
In between the poles of union and separation, Ma said his government is prepared to discuss political agreements, including security issues, as soon as the priority economic issues are dealt with. He suggested that those political talks could start as early as a second four-year term if he wins re-election in 2012.
"The [DPP] reacted strongly to President [Ma] revelation in an interview that he was ready to engage in political talks with Beijing once economic issues are resolved, saying that such a move did not have public support."Mais, à mon avis, ce n'est pas le point qui posa le plus de problème à la présidence.
LE POINT LE PLUS GRAVE, C'EST DE DIRE QUE LA CHINE DEVIENNE UNE DEMOCRATIE POUR QUE L'UNIFICATION SOIT POSSIBLE !
Je crois que ce point pouvait faire sauter le pouvoir chinois au plafond !
La Chine a réagi à la situation de manière compréhensive [6], avec cette phrase quand même étonnante, parlant de "contrôle" de l'opposition :
"Wang said that forces seeking Taiwan’s formal independence remained a threat to peace and stability, an apparent reference to Taiwanese opposition parties. If they are not “effectively and completely controlled then it will be hard to basically stabilize the situation in the Taiwan Strait, and relations ... may run the risk of stalling or going backward,” Wang said."
Rencontre ... ou pas
Apple Daily pointe du doigt la situation assez étonnante où le président d'une ONG se permet de faire une proposition politique majeure, et assez incongrue.
Le pire, c'est que la présidence taiwanaise a pris note.
At an annual conference for ethnic Chinese business leaders held in Taipei Monday, Chen Charng-ven, president of the Red Cross Society of the Republic of China, expressed hope that President Ma Ying-jeou could attend the 2011 or 2012 conference to be held in Beijing or Shanghai and meet his Chinese counterpart Hu Jintao.
Chen also said that if Ma is not able to meet Hu within the next two years, he hoped that Ma would continue to be president after 2012.
It is hard to believe that a lawyer would make such a comment, which runs counter to the common sense of democracy.
There are many people in Taiwan who adore Chinese officials, and they often like to compare who has met the more senior Chinese officials. Chinese leaders are well aware of the vanity of the Taiwanese and are using the issue as a tool to control and divide them.
Should Ma feel depressed for failing to meet China's top leader? Should Taiwanese voters allow him to win a second term just for this reason? What on earth is the logic behind this?
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