Voici l'analyse publiée par le Taipei Times :
En voici une traduction libre :
Ce n'est pas le bon moment pour des discussions politiques avec la Chine
Malgré la pression croissante de la Chine pour lancer des discussions politique et militaire, le temps n'est pas "mûr" pour que Taipei et Beijing s'engagent dans de telles négociations, d'après les analystes.
Le porte parole du ministère chinois de la défense Geng Yansheng (耿雁生) a déclaré le 30 Juillet que la Chine était disposée à discuter du redéploiement de ses missiles pointés sur Taïwan dans le cadre du principe de "la Chine unique", quand les deux parties discuteront de la mise en place de mesures pour construire une confiance dans le domaine militaire.
C'était la première réponse officielle de Beijing à le demande du président Ma Ying-jeou (馬英九) de retirer les missiles pointés sur Taïwan avant que les deux parties ne commencent des négociations politiques.
Suite à la déclaration du ministère chinois de la défense, le gouvernement de Ma contournent habilement le principe de "la Chine unique" et orientent leur discours sur le dit "consensus de 1992". Le "consensus de 1992", dit l'administration, fut un consensus ratifié par Taïwan et la Chine en 1992, dans lequel les deux parties reconnaissaient qu'il n'y a qu' "une seule Chine", chaque partie ayant sa propre interprétation de ce que cela signifie.
Toutefois, le "consensus de 1992» est un terme que l'ancien secrétaire général du Conseil de Sécurité National Su Chi (苏 起) admit avoir inventé en 2000 dans le but de décrire la demande du KMT que Taïwan et la Chine ont convenu de l'existence d'une "seule Chine », mais avec des interprétations différentes.
Le ministère de la défense nationale a déclaré qu'il se félicite du redéploiement des missiles de la Chine, mais il a souligné qu'il n'y voyait pas de signification militaire de fond parce que les missiles sont mobiles.Tung Chen-yuan, professeur en science politique à National Chengchi University, a déclaré que l'administration pense que la meilleure tactique pour le moment est de retarder les négociations politiques parce que l'ambiguïté du "consensus de 1992" procure au KMT une zone de confort. Si elle commençait à engager des négociations politiques ou militaires avec la Chine, elle serait obligée de préciser sa position politique, et elle pourrait se mettre dans une position défavorable en exposant sa position définitive.
Par conséquent, la politique du gouvernement est de se concentrer sur les questions économiques, culturelles et sociales, en espérant que les avantages économiques marqueront des points politiques et renforceront la confiance du public dans sa politique inter-détroit, dit-il.
Beijing a été prêt à jouer le même jeu parce qu'il croyait qu'en distribuant des faveurs économiques, il pourrait alors faire pression sur le KMT pour aller dans le sens de leur objectif commun de "la Chine unique", dit-il.
Tung dit que Ma est réticent à reconnaitre que son objectif ultime est l'unification, mais l'unification reste l'intention du KMT. L'administration aussi ne veut pas accélérer le processus, mais veut plutôt voir la situation se développer graduellement. Le CCP, d'un autre côté, a été clair sur son objectif de «réunification pacifique» et a hâte de voir des résultats, dit-il.
"L'administration KMT et le CCP partagent en fait le même lit, mais font des rêves très différents", dit Tung. «Le KMT semble vouloir davantage la paix que l'unification, en tout cas dans ces déclarations publiques, alors que la Chine recherche non seulement la paix, mais aussi l'unification. Alors, dans l'esprit de Beijing, Taïwan recherche l'indépendance pacifique, pas l'unification pacifique. "
L'administration a aussi un peu de monnaie d'échange, dit Tung, mais Beijing est inébranlable dans sa position et clair sur sa tactique.
Pour ce qui est de la négociation militaire, Pékin se plaît à la lier au principe de "la Chine unique" et aux ventes d'armes à Taïwan par les US, dit Tung.
Il est clair que Beijing veut que Taipei accepte le principe de "la Chine unique" avant que les deux parties commencent les négociations et que Beijing veut que Washington réduise ses ventes d'armes à Taiwan.
"Si la seule demande de l'administration à la table des négociations est le retrait des missiles par la Chine, je veux savoir ce que l'administration offre en retour", dit-il.
Chang Jung-feng (张荣丰), directeur général de l'Association taiwanaise pour la simulation stratégique et ancien secrétaire général adjoint du conseil national de sécurité, a déclaré qu'il n'était pas préoccupé de quand l'administration commencerait les négociations politiques avec Beijing, mais ce qui l'inquiète plutôt, c'est que l'administration n'a aucune idée que ce qu'elle veut obtenir de ces négociations inter-détroit, et il a demandé s'il était prévu un plan d'urgence si les négociations tournaient mal.
Prenant le déploiement militaire de la Chine à titre d'exemple, Chang a dit que si les deux parties ne peuvent pas être en phase sur les questions à résoudre comme préconditions à l'entrée en négociations, ou sur les sujets à discuter, ils ne devraient pas entamer de négociation du tout.
"Le meilleur moment pour l'administration pour s'engager dans des négociations politiques avec Beijing, c'est quand il sait ce qu'il veut et quand il a la capacité de réussir à l'obtenir, dit-il.
Donc, si les négociations politiques entre les deux parties sont inévitables : Quel côté a l'avantage du temps?
Chang dit que le temps est du côté de celui qui travaille le plus à asseoir son pouvoir, le temps est du côté de celui qui est le mieux préparé, et Tung dit que le temps est du côté de Taïwan, parce que sa démocratie a créé un environnement politique et social stable , tandis que la Chine est confrontée à de nombreux défis politiques et sociaux et à des incertitudes.
Si Taïwan conserve ses institutions démocratiques, le temps devrait être du côté de Taïwan, dit-il, sauf si certains hommes politiques ne commettent de graves choses contre Taïwan.
Comme le dit un autre article du "Taipei Times" :
- "The Taiwanese government, however, maintains that the so-called “1992 consensus” posits that the two sides “agree to disagree” on the meaning of “one China.”"
Ce qui est important avant tout le reste, c'est de commencer une relation en étant d'accord sur quelque chose - peu importe quoi.